13 novembre 2024

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S’informer, se méfier des tabous et déconstruire les clichés, se connaître, écouter son désir et éduquer les hommes ferait partie des pistes possibles pour remettre la jouissance au cœur de la sexualité des femmes. Les conseils des spécialistes Camille Emmanuelle et Maïa Mazaurette invitées du Téléphone sonne.

« En 1972, une chercheuse américaine interroge les femmes dites ‘frigides’. Or, elles jouissent en se masturbant. Donc, le problème ne vient pas d’un dysfonctionnement de leur corps. C’est un problème de couple. Il n’y a pas assez de dialogue sur ce qui fait plaisir, quels gestes sont attendus… ‘Et ce n’est pas en trois minutes de pénétration que je vais avoir un orgasme’ ! »

Mai 1968 a décrété que la révolution sexuelle était passée et qu’il n’y avait plus rien à inventer. Ce n’est pas l’avis de Camille Emmanuelle : « Quelle arnaque cette révolution sexuelle surtout prônée par des hommes et qui ne proposaient rien de nouveau mais à plusieurs corps ! » 

Tout est à réinventer. D’autant que selon une étude Ifop et Femme actuelle récente  : lorsqu’on demande aux femmes ce qui leur donne un orgasme à tous les coups, la pénétration arrive en quatrième position après la masturbation, les caresses et le cunnilingus !

Autre tabou à bannir : la sexualité cesserait à partir de la ménopause. Or, pour Camille Emmanuelle : « Il existe aujourd’hui des moyens pour accompagner la ménopause avec des hormones avec des choses plus ou moins naturelles. Mais très peu d’informations circulent sur le sujet. Et le clitoris peut servir toute la vie ». Maia Mazaurette conseille deux livres récents sur le sujets les fleurs de l’âge  de Josiane Asmane (Flammarion) et il n’y a pas de d’âge pour jouirpar Catherine Grangeard (Larousse pratique)

Enfin, se méfier du cinéma. Dans les films, lorsqu’un couple fait l’amour, la femme tire son plaisir de la pénétration et c’est une vision extrêmement biaisée du plaisir. Maia Mazaurette explique : « Dans le 7e art, on nous présente un point de vue masculin qu’on appelle aujourd’hui ‘le male gaze’. Une représentation de plus en plus remise en question notamment par une femme, Iris Brey. C’est pourquoi il faut multiplier les points de vue. Mais pour l’instant, le cinéma reste très influent. Douze ans après l’émergence du clitoris, on a l’idée et l’image en tête : pour fusionner avec son partenaire, cela passe par une pénétration vaginale. Et si on n’y arrive pas, on se sent en échec total. »

Se connaître 

Camille Emmanuelle : « Les femmes sont dotées d’un clitoris. Cet incroyable organe n’a qu’une seule utilité : le plaisir. Et il sert jusqu’au bout, jusqu’à la mort. 

Mais il y a une mauvaise information, éducation autour de lui.

Il existe aussi le périnée dont les femmes apprennent l’existence quand elles accouchent. Il faudrait informer les ados sur ce muscle incroyable qui va les accompagner toute leur vie. C’est un muscle très important de leur vie sexuelle, et de leur vie tout court ».

Éduquer les hommes

Une auditrice a témoigné : « Lorsque les hommes étaient maladroits, je leur expliquais et je les guidais ». Maia Mazaurette ajoute : « Il existe une plateforme en ligne Oh my God Yes ! qui explique, grâce à des dizaines de vidéos, comment trouver le plaisir féminin. Bientôt il y aura Climax, une version plus explicite faite par des Français. Elle apprend aux femmes, mais aussi aux hommes comment se masturber, comment manipuler un clitoris, comment toucher une femme à l’intérieur et à l’extérieur… Il existe aussi des ressources assez ludiques. Par exemple, il y a des petits jeux vidéo sur son smartphone où on apprend à masturber un clitoris. C’est plutôt rigolo. »

Maiä Mazaurette poursuit : « C’est parfois compliqué d’aborder la question de la sexualité pour les hommes. Dans la masculinité traditionnelle, il y a l’idée de la conquête de la femme et de s’imposer sans poser de question. C’est d’autant plus compliqué en sexualité que l’on est dans un espace de vulnérabilité totale. Si l’homme échoue dans sa performance sexuelle, c’est son être entier qui est remis en question. D’où les 57 % de femmes qui avouent avoir simulé avec leur partenaire actuel. Souvent elles le font pour des motifs altruistes, pour épargner l’homme et avoir une discussion plus tard. »

Écouter son désir

Pour cela se méfier des injonctions : on est passé de ‘Soyez des femmes respectables, n’ayez pas trop de plaisir et élevez vos enfants’ à ‘ayez quatre orgasmes par jour’, ‘testez la bisexualité’, ‘collectionnez 25 sextoys, sinon vous êtes frigide’. Or, il faut accepter que, parfois, on a moins envie de faire l’amour. Il faut aussi reconnaitre que la sexualité est un parcours et qu’on n’a pas la même sexualité à 18 ans qu’à 40 ou 70 ans. Il faut admettre que, parfois, la libido, ce désir de vie, peut être investi ailleurs : sur un nouveau-né, dans le travail ou le sport, dans un deuil ou dans une dépression ». 

Le désir fluctue et ce n’est pas grave. Il ne faut pas se mettre de pression sur la fréquence des rapports. Il faut se méfier des statistiques. Ce qui compte, c’est sa propre envie.

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