16 novembre 2024

Etre veuve au Sénégal, comme dans d’autres pays africains peut parfois s’avérer être une véritable source de calvaire.

Je m’explique ! Une femme qui a perdu son mari, certes certains éprouvent de la pitié pour elle, tandis que d’autres l’étiquètent de porte malheur.

Qu’elle soit jeune ou un peu plus âgée, elle entendra parfois dire qu’elle porte la poisse, et que c’est pour cette raison que son époux n’est plus de ce monde.

Cela peut devenir beaucoup plus problématique pour elle lorsqu’elle a perdu successivement des conjoints (deux fois de suite). Dès lors elle pourrait même être rejetée par des hommes qui la côtoient une fois qu’ils apprennent la situation à laquelle elle a déjà été confrontée.

Ce qui est dommage, c’est qu’en Afrique, vous verrez toujours des mauvaises langues.

Je n’ai jamais compris pourquoi on blâme la femme lorsqu’elle est veuve, alors que ce qui lui est arrivée, n’est rien d’autre que la volonté divine.

Au Sénégal, il y a une expression très connue : Aay Gaaf qui signifie ce qui porte malheur . Une manière de faire culpabiliser autrui d’être la principale source de fatalité de ce qui arrive.

Imaginez-vous à quel point cela doit faire au mal cœur, qu’une femme veuve se retrouve le sujet de discussion de tous, surtout pour déconseiller à celui qui souhaite lui faire la cour, d’entretenir ce type de relation avec elle.

Il y aura toujours un membre de leurs familles qui lui fera gober qu’une femme dont le mari est mort, n’est pas une référence en tant qu’épouse.

Ce qui le contraindra par la suite s’il souhaitait se marier avec elle, de renoncer à ce projet.

Souvent d’ailleurs, un homme peut devenir réticent à l’idée de faire sa vie avec celle qui s’est retrouvée plusieurs fois veuves, pensant qu’il pourrait être le prochain à rejoindre l’au-delà.

Je vous avoue même qu’en parlant de cela, j’ai le sourire aux lèvres, tellement je trouve que c’est d’une absurdité inimaginable !

Et ce qu’il y a de plus drôle, c’est que certains africains ne sont pas les seuls à avoir ce genre de jugement.

Une sénégalaise  vivant en France faisait part de son témoignage en racontant que lorsque son mari (d’origine française) était tombé malade, puis est décédé par la suite, ses voisins l’avaient traité de sorcière, disant d’elle qu’elle l’avait marabouté. Elle avait expliqué ensuite que si les faits s’étaient produits au Sénégal : on aurait dit d’elle, qu’elle porte la poisse. Par conséquent : « Aay Gaaf ».

Seulement, je n’ai jamais compris pourquoi dans la société sénégalaise, lorsque c’est l’homme qui perd sa femme, il ne sera jamais étiqueté aussi injustement.

Vous n’entendrez à aucun moment, quelqu’un dire de lui qu’il ne faudrait pas l’approcher, parce qu’il porte malheur.

Ce genre d’expression est uniquement désignée pour la femme, et c’est là où je me demande :

Pourquoi lorsque c’est elle qui perd son mari, on la désigne toute suite du doigt ?

Pourquoi ternir autant son image ?

Qu’a-t-elle fait pour mériter un sort aussi triste, ou pour s’attirer des jugements souvent  très néfastes ?

Je pense que quelque part, c’est tout simplement de l’injustice ! C’est pour cette raison que j’ai souhaité abordé ce sujet, car il faudrait une bonne fois pour toute que cela s’arrête.

Je blâme toutes ces personnes qui ont tendance à juger les autres ou à jacasser sans cesse pour affirmer des choses sans fondements.

Ce qui prouve une fois de plus à quel point l’être humain peut être confronté à toutes sortes d’injustices, et cela quelles que soient leurs formes.

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