La jalousie est un trait normal et fatal des relations amoureuses : c’est Freud qui le souligne d’emblée avant d’en aborder les formes pathologiques – de la jalousie projective (qui attribue à l’autre sa propre tentation d’infidélité) à une jalousie symptomatique comme forme de paranoïa. On partira donc de cet affect lié à l’amour – puisqu’il exprime un attachement exclusif qui prend ombrage de tout autre et s’organise autour d’une obsession d’infidélité. Cela mène au paradoxe que le jaloux (la jalouse) pense au moins autant au rival (à la rivale) qu’à l’objet aimé (ce qui en révèle le fond homosexuel). La dimension inconsciente de la jalousie mène au cœur de la prise du désir du sujet dans le rapport à l’autre et à l’Autre. Le sentiment oedipien est pétri de jalousie pour l’heureux possesseur de l’objet aimé.
Symptôme torturant, elle pourrait bien mener au cœur de l’amour dans sa dialectique intime avec l’interdit et la transgression. Via la blessure narcissique, la jalousie va jusqu’à la haine.
Cela permettra de revenir à la différence sexuelle pour en dégager le style féminin dans le rapport à « l’autre femme » qui porte la jalousie à l’incandescence – le lien originaire à la mère s’avérant déterminant, comme l’apprend l’examen de la paranoïa féminine.
Paul-Laurent ASSOUN, Professeur à l’Université Paris-7, psychanalyste. Auteur de “S. Freud, Sur quelques mécanismes dans la jalousie, l’homosexualité et la paranoïa”; et “Le couple inconscient, Anthropos/ Economica” 2e éd., 2004.