29 novembre 2024

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Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Kédougou a constaté de la négligence et de l’incompétence dans l’affaire Mamy Doura Diallo, décédée en couches. Baye Thiam, qui est revenu sur les premiers éléments de l’enquête, renseigne que «les personnes mises en cause sont arrêtées et placées en position de garde à vue pour homicide involontaire et complicité de ce chef».

Les mots sont durs et décrivent sans doute le drame : incompétence notoire, une forte négligence médicale et un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine… Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Kédougou qualifie ainsi les causes du décès de Mamy Doura Diallo, morte en couches au centre de santé de la localité. Dans un document, Baye Thiam renseigne qu’à «l’analyse des faits de l’espèce, une forte négligence médicale ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés». Dans les détails, il fait savoir qu’il «ressort de la procédure que la patiente avait accouché par césarienne lors de sa dernière grossesse dans ce même district». Ce qui, ajoute le procureur, «aurait dû dissuader le gynécologue, compte tenu de ses antécédents avérés, de la faire accoucher cette fois-ci par voie basse». Ensuite, poursuit-il, «la défunte, qui était diabétique, ne pouvait nullement supporter un accouchement par voie basse, vu son poids qui était quasiment à 100 kg». Enfin, relève-t-il, «il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kilos 770 grammes et donc ne pouvait, sous quelque acrobatie utilisée, sortir par voie basse». Revenant sur les faits ayant conduit au placement en gardant à vue des agents cités dans cette affaire, le procureur révèle que «c’est dans ces circonstances que nous avons demandé au Commandant de Brigade de Kédougou d’appeler immédiatement tout le personnel médical qui était dans le bloc opératoire, en commençant par le gynécologue, pour les entendre et également convoquer le mari de la défunte pour prendre son audition». Selon le procureur, «eu égard à la gravité des faits et après les premiers interrogatoires, les personnes mises en cause sont arrêtées et placées en position de garde à vue pour homicide involontaire et complicité de ce chef, faits prévus et punis par les dispositions des articles 45-3, 46, 280 et 287 du Code pénal».

Les mis en cause poursuivis pour homicide involontaire
Revenant sur les conditions dans lesquelles Mamy Doura Diallo et son bébé ont trouvé la mort, le procureur Thiam informe que «dans la journée du 30 août 2022, la nommée Doura Diallo a été admise au District sanitaire de Kédougou au service de la maternité, aux environs de 8 heures du matin, accompagnée de son époux, Malick Cissé alias Mor». D’après lui, «la matrone, après l’avoir consultée et constaté un affleurement de la tête du bébé, a appelé le gynécologue». Ce dernier, relate le procureur dans son document, «arrivé aux environs de 16 heures, s’est présenté et a essayé d’accoucher la femme par voie basse jusqu’à faire sortir la tête, mais les épaules du bébé, étant bloquées, peinaient à sortir du fait du volume et ce, contrairement à la volonté de son époux qui le suppliait de faire une césarienne compte tenu des antécédents de son épouse». Et le procureur près le Tgi de Kédougou d’incriminer : «C’est ainsi, sans pitié ni la moindre émotion, qu’il a continué de manœuvrer sans même tenir compte de la fragilité du bébé. S’étant rendu compte qu’il était face à un obstacle imparable, il a décidé de procéder à une intervention chirurgicale, ce qui était trop tard car la situation était déjà devenue inextricable.»
Poursuivant ses explications sur la base des auditions qui ont été menées, M. Thiam souligne que «le comble s’est produit une fois au bloc opératoire, lorsque le gynécologue ainsi que l’anesthésiste ont délibérément décidé, sans même avoir préalablement consulté le mari de la défunte, de procéder à une hystérectomie, c’est-à-dire une ablation totale de l’utérus». En outre, explique le procureur, «les manœuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé le décès de ce dernier». «Le billet de mort de l’enfant venait d’être froidement acté par ces actes dits médicaux, pour ne pas dire radicaux», a-t-il fustigé. Se basant sur «les déclarations spontanées des parties (personnel médical et le mari de la défunte)», le procureur soutient que celles-ci «indiquaient que le fœtus, à l’arrivée, était vivant car le mari, présent à l’accouchement, avait posé la question au médecin, qui lui a confirmé effectivement qu’il respirait». Et de conclure : «Ces manœuvres en cascade ont très certainement provoqué une rupture utérine qui a conduit immédiatement au décès de la mère, suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque, selon le rapport du médecin-chef du District sanitaire de Kédougou, transmis au Parquet le 31 août 2022.»