Loin de contester les avantages notamment ceux rapportés par l’Islam – qui pose des conditions aux hommes aspirant adopter ce régime – la polygamie revêt de nombreuses facettes dont les querelles auxquelles se livrent les coépouses, vivant sous le même toit surtout, et leurs corollaires. Ainsi la plus «faible» est écrasée et souffre en silence car n’ayant pas les armes nécessaires ni la force de livrer une bataille (physique, morale, psychologique, mystique, maraboutique…) dans ce «cercle vicieux». Pis, le recours aux mystique et maraboutage par certaines a pour finalité non seulement de neutraliser leur rivale et avoir le contrôle sur le mari qui leur obéit du doigt et à l’œil, mais aussi et surtout les enfants ne sont pas épargné dans ces attaques sournoises. Quitte à obtenir que la progéniture de la rivale soit la risée de la famille, de la société… du fait de ses échecs dans toutes les entreprises.
La polygamie est la source de plusieurs conflits dans les foyers, du fait notamment de représailles qui en découlent. Celle qui espérait vivre dans un ménage digne d’un conte de fée, se retrouve à partager son mari avec une ou plusieurs autres femmes. Dès lors, la rivalité s’installe entre les coépouses et devient de plus en plus rude. Entre violences et querelles entre coépouses, souffrance et pratiques mystiques, maraboutage, les femmes se livrent sans pitié à une «guerre» où tous les coups sont permis. Ainsi, celle(s) qui semble(nt) délaissé(es) par l’époux au profit d’une autre, surtout la nouvelle conquête, souffre(nt) en douce et porte(nt) tout le poids/fardeau du monde que devient leur mariage.
Interrogée, Diatou Cisse hésite, avant de se lancer. «Mon mari a épousé une seconde femme plus jeune que moi. Il a oublié tous les obstacles que nous avons surmontés avant d’en arriver là. J’ai peur de me révolter pour ne pas être la cause d’un conflit familial. Je reste, malgré tout, car je ne veux pas que mes enfants sentent l’absence d’un d’entre nous», fait-savoir Diatou qui estime que les enfants ont besoin d’une certaine stabilité.
SUPPORTER STOÏQUEMENT LES MAUX DE LA POLYGAMIE, EN RESTANT DANS LE MARIAGE, PAR PEUR DE DECEVOIR
Deuxième épouse, Awa subit les assauts de sa coépouse qu’elle qualifie de «sorcière». «Depuis je que vis dans cette maison, je ne cesse de subir les insanités de dame sorcière. Et pourtant, c’est moi qui devais avoir cette attitude à son égard car je suis la plus jeune. Je souffre intérieurement car tout le monde pense que je suis celle qui crée des problèmes, depuis ma venue», confie-elle. Avant de poursuivre : «mes enfants sont souvent frappés par leurs demis frères, juste pour me pousser à bout. Et c’est souvent la cause de nos nombreuses disputes», laisse-t-elle entendre.
Une autre elle préfère se confier sous le couvert de l’anonymat, pour nous faire savoir son mal-être. «Si je suis toujours dans ce mariage, c’est parce que j’ai peur de décevoir ma mère qui n’a jamais quitté son foyer. Je veux suivre ses pas. Je suis toujours critiquée par mon mari, sans parler de ma coépouse qui me mène la vie dure», dit-elle. Avant de faire savoir qu’il est difficile de supporter une coépouse et des critiques venant de son mari car, relève-t-elle, «parfois, il le fait devant les enfants», déplore-t-elle.
«LE MARABOUTAGE FAIT PARTIS DES MENAGES, TOUT LE MONDE EN FAIT RECOURS MAIS…»
Au moment où certaines ont tous les soucis du monde pour faire face à la dure réalité de la polygamie qui ne fait pas de cadeau, les plus cyniques font le tour des marabouts et autres charlatans pour neutraliser la rivale ou avoir une mainmise sur le mari. Ainsi, elles sont prêtes à se ruiner, en vendant leurs précieux bijoux ou épuiser les économies, pour arriver à cette fin.
«Donner une portion à son mari pour qu’il t’obéisse, n’est pas quelque chose de mauvais. Si tu ne le fais pas, l’autre le fera et tu seras la seule qui va souffrir ; donc il vaut mieux prendre les devants. Le maraboutage fait partie des ménages, tout le monde en fait recours, juste que les intentions diffèrent», renseigne cette dame qui ne décline pas son identité.
LES ENFANTS, VICTIMES COLLATERALES DES RIVALITES ENTRE COÉPOUSES ET CIBLES DE MARABOUTAGES
Une autre, parmi tant d’autres adeptes de cette pratique, s’invite au débat pour emboucher la même trompette. «Moi, je ne maraboute personne. Mais si quelqu’un le fait, je réplique. Je suis mystiquement protégée. Lorsque ma coépouse a voulu m’atteindre, j’ai rendu le coup en l’éloignant de mon mari», lâche-t-elle. Poursuivant, elle ajoute que les enfants sont parfois visés dans les maraboutages, soit pour qu’ils tombent souvent malades ou qu’ils ne réussissent jamais.
Selon Dieynaba Kouyaté, le manque de confiance en soi, poussent les femmes désespérées à aller consulter des marabouts, tout en se ruinant. «La polygamie ne nécessite pas de magie noire. Il faut savoir utiliser les bonnes cartes, pour sortir victorieuse. Il faut avoir des armes de séduction pour contrôler le mari, casser la routine, en improviser des choses uniques et créer un climat de confiance entre vous deux, sans oublier la bonne cuisine. Un homme a besoin d’un havre de paix ; le reste, ce sont des détails».
La polygamie semble faire peur aux femmes mariées et même celles encore célibataires du fait des problèmes qu’elle engendre. Mais ce n’est pas pour autant dire que certaines reculeront face à ce dilemme.
FLASH bag avec A.G