26 novembre 2024

Certes, vous n’êtes pas tombée dans le panneau du nettoyage vaginal  au persil ou au citron. Vous avez même eu un fou rire en apprenant que Gwyneth Paltrow conseillait en 2015 d’offrir un bain de vapeur à son vagin pour entretenir sa forme. Plus récemment, une idée tout aussi surprenante a été développée par la marque britannique Blossom & Brush, qui commercialise une brosse de vagin, à utiliser pendant les règles et jusqu’à trois jours après, et à introduire dans le vagin pour le nettoyer. Un acte inefficace et surtout menaçant l’équilibre de la flore vaginale.

En effectuant des gestes d’hygiène très basiques, vous commettez sans doute quelques erreurs, car certains d’entre eux peuvent s’avérer contre-productifs, voire dangereux pour l’organisme. Le Dr Odile Bagot, gynecologue a Strasbourg , et le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue et directeur médical à l’Institut Fournier à Paris, font le point.

Se nettoyer uniquement avec de l’eau

Pour la toilette de la vulve, à l’entrée du vagin, l’eau est autorisée si, et seulement si, elle est accompagnée d’un produit adapté. « Le contact répété avec uniquement de l’eau élimine à la longue le film hydrolipidique présent à la surface des lèvres et des muqueuses, ce qui provoque des sécheresses », constate le médecin infectiologue Jean-Marc Bohbot. Afin de préserver cette hydratation naturelle, on privilégie donc les gels intimes doux et surgraissants mais aussi sans antiseptique pour protéger le bon fonctionnement de sa flore locale.

Si vous ne le saviez pas encore, le vagin s’auto-nettoie grâce à des sécrétions naturelles permanentes qui éliminent microbes et cellules mortes. Interdiction donc de diriger le pommeau de douche vers l’intérieur de son sexe, sous peine « de déséquilibrer la flore vaginale  et de détruire les lactobacilles, des « bonnes » bactéries indispensables pour lutter contre les infections », rappelle le Dr Jean-Marc Bohbot.

Se laver avec excès

On vous voit venir. Avant de vous tartiner de gel intime matin et soir, gardez en tête que le mieux est l’ennemi du bien. Utilisés trop fréquemment, les produits, même les plus doux, finissent par être agressifs pour la vulve. Un passage aux toilettes ne nécessite pas par exemple d’aller fissa se nettoyer dans la douche. Les deux médecins recommandent une toilette quotidienne unique, voire deux pour plus de confort en cas de règles. Dans ce cas, la douche, contrairement au bain, se révèle plus adaptée. « Le contact prolongé de l’eau chaude du bain peut causer des irritations , surtout si on y ajoute des produits moussants ou des sels », observe Dr Jean-Marc Bohbot. Sans compter que l’option n’est pas très écologique.

Zapper les toilettes après un rapport sexuel

Même si l’envie de se câliner pendant des heures l’emporte souvent sur celle, parfois pressante, d’aller uriner, cette mesure de précaution ne doit pas être négligée, en particulier si l’on est sujette régulièrement aux cystites. « Lors d’un rapport sexuel, des germes peuvent transiter de l’anus à la vulve pour remonter jusqu’au long de l’urètre, qui relie la vessie à l’extérieur du corps, et donc favoriser une infection urinaire », explique la gynécologue Odile Bagot. En pratique, uriner après l’acte permettrait ainsi de « laver » l’urètre de ces germes.

Utiliser un gant de toilette

Sa fonction numéro une est d’éliminer les cellules mortes et les impuretés. Seulement, dans un milieu humide et tiède comme la cabine de douche, le gant de toilette devient vite un véritable milieu de culture bactériologique. « Même s’il est bien essoré, les microbes persistent et prolifèrent, jusqu’à altérer la santé de personnes fragiles », insiste le médecin infectiologue. Exit aussi l’éponge luffa ou la fleur de douche, trop irritantes pour la zone. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, la main reste l’accessoire de toilette idéal dans ce cas. « On étale une noisette de produit sur les lèvres et doucement sur les muqueuses, pour terminer par la partie arrière vers l’anus, jamais le contraire », détaille Dr Jean-Marc Bohbot.

Place ensuite au rinçage pour évacuer l’excédent de produit, puis au séchage. « Idéalement, on tamponne sans frotter avec une serviette dédiée à la toilette vulvaire », recommande Dr Odile Bagot. En cas de fortes inflammations des muqueuses, particulièrement après l’accouchement, l’utilisation du sèche-cheveux à basse température s’avère efficace pour éviter tout contact douloureux.

Masquer l’odeur de son sexe avec un dédorant intime ou une lingette parfumée

Non, le vagin et la vulve ne sentent pas les fruits de mer et ils ne sont encore moins destinés à sentir les fruits de la passion, comme le sous-entend le marketing. Comme les dessous de bras, « cette zone possède une légère odeur aigrelette à cause de l’acidité, mais rien de dérangeant », nuance la gynécologue Odile Bagot. De plus, en cherchant à tout prix à masquer une odeur, on s’expose à des risques. Des irritations d’abord, mais aussi des allergies. « De par sa fonction antitranspirante, le déodorant empêche les sécrétions naturelles et assèchent la peau », rapporte le médecin infectiologue. Par ailleurs, une forte odeur peut être le signal d’alerte d’un déséquilibre de la flore, « une infection vaginale bénigne comme la vaginose, qui se traite avec des antibiotiques », ou encore « un tampon oublié », relève le Dr Odile Bagot.

Porter régulièrement des protège-slips

Certaines périodes, souvent quelques jours avant l’arrivee des regles , nécessitent, selon le confort de chacune, le port d’un protège-slip. Sauf que cette habitude du « juste au cas où » ne doit pas s’appliquer au quotidien. Comme le gant de toilette, cette miniserviette hygiénique se transforme vite en réservoir à germes, pouvant causer une infection urinaire récidivante, d’après la gynécologue Odile Bagot. « Elle absorbe les sécrétions naturellement protectrices et augmente donc le risque de développer une maladie sexuellement transmissible », ajoute Dr Jean-Marc Bohbot.

La composition de ce produit, riche en agents blanchissants et désodorisants, favorise également les allergies. « Des études ont montré que le frottement permanent du protège-slip entraîne une vulvodynie, autrement dit une inflammation des terminaisons nerveuses de la vulve, qui se manifeste par des douleurs spontanées ou lors des rapports sexuels », informe le médecin infectiologue. Une simple culotte ou un string en coton changé chaque jour éloignerait donc le médecin. En cas de pertes abondantes ou anormales, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.

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