Le sevrage est une étape importante dans la croissance et le développement de l’enfant. Il consiste à introduire dans son alimentation des substances autres que le lait maternel. Cette période délicate pour la santé du bébé et de la maman mérite d’être abordée en douceur, selon les experts.
Assise dans la salle d’attente du centre de santé Gaspard Kamara sis à Dakar, Ndèye Awa allaite son bébé de 6 mois. À tout juste 32 ans, cette jeune femme sénégalaise en est à son troisième enfant.
Elle est venue pour une vaccination et des soins chez le pédiatre.
« Je suis venue à mon rendez-vous post natal et je profite pour allaiter mon bébé parce qu’il a faim et il n’aime pas le biberon », dit-elle.
Drapée dans sa tunique rouge aux motifs noirs, foulard noué à la tête, Ndeye Awa est à l’aise quand il s’agit d’évoquer la question du sevrage.
« Mon premier enfant a huit ans maintenant, c’est un garçon et je l’ai allaité durant deux ans, conformément à notre culture, et le deuxième une fille, elle a tété juste quinze mois », renseigne la jeune maman, qui ne semble pas trop souffrir de la chaleur qui se fait sentir à ce moment de la journée dans la capitale sénégalaise.
« Avec mon mari, on s’est accordé pour que nos enfants soient exclusivement allaités au sein de la naissance jusqu’à six mois, ensuite, progressivement, on passe à une alimentation plus consistante jusqu’au moment du sevrage », ajoute Ndèye Awa.
Quelles sont les conséquences du sevrage brutal du bébé ?
Le processus de sevrage implique de réduire progressivement les tétées jusqu’à ce que l’allaitement cesse complètement. Il est donc déconseillé de sevrer son bébé brusquement, sans aucune préparation. Cette méthode peut engendrer des complications potentielles chez l’enfant, disent les experts.
« Avant l’âge de 06 mois, le tube digestif du bébé n’est pas suffisamment mature (absence d’enzymes) pour la digestion d’autres aliments que le lait maternel. Le sevrage brutal peut engendrer plusieurs conséquences, entre autres : un risque accru d’infection, car, à la naissance, le système immunitaire du bébé n’est pas encore développé et sa protection dépend exclusivement de sa maman, donc du lait maternel ; un risque de développer la malnutrition (aigüe ou émaciation, chronique ou insuffisance pondérale) ; le bébé perd le confort et la proximité avec sa mère, réduisant ainsi le lien affectif qui se crée avec l’allaitement maternel. Les seins peuvent être engorgés, douloureux et couler, situation qui parfois est très inconfortable et stressante pour la mère », explique le docteur Borel Zebaze, nutritionniste diététicien, spécialisé dans l’alimentation et la nutrition infantile.
Comment réussir le sevrage d’un bébé sur le plan nutritionnel ?
« La réussite de la phase de sevrage sur le plan nutritionnel nécessite d’allaiter exclusivement son bébé au sein pendant ses 06 premiers mois avant d’introduire progressivement d’autres aliments en raison de son besoin croissant en énergie et en nutriments (macro et micronutriments), tout en continuant l’allaitement maternel jusqu’à l’âge de 02 ans tel que recommandé dans les bonnes pratiques de l’ANJE (Alimentation du nourrisson et du jeune enfant) », déclare Dr Docteur Borel Zebaze interrogé par BBC Afrique.
« Privilégier une alimentation variée, avec des fruits et légumes, des céréales, des tubercules et des légumineuses, de la viande, des poissons et des œufs, substitués de lait maternel et produits laitiers, huile et matières grasses. Surtout, être très attentif à l’acceptabilité du bébé et à la survenue d’éventuelles allergies, adapter les textures en fonction de l’âge du bébé (entre 6 – 8 mois les textures doivent être très lisses, entre 9 – 11 mois les textures molles et à partir de 12 mois, les morceaux mous à croquer, ce même si bébé n’a pas encore assez de dents. Éviter le lait de vache, le miel, le sel et le sucre avant 01 an et privilégier les aliments locaux, même pour la préparation des bouillies enrichies. Il faut lui donner des petites portions à cause de la petite taille de son estomac », conseille le spécialiste en nutrition.
Concernant l’alimentation post-sevrage, elle doit être également variée et saine, avec des portions un peu plus importantes, à cause de la pleine croissance de l’enfant. La fréquence des repas doit être de 03 par jour, avec 01 ou 02 collations saines, selon Dr Zebaze.