Les papillomavirus humain (HPV) sont des virus très contagieux qui se transmettent par rapport sexuel (avec ou sans pénétration). On considère que 80% des gens rencontreront un HPV au cours de leur sexualité,nous confie d’emblée le Dr Charlotte Chollet, chirurgienne en gynécologie au IUCT-Oncopole et CHU de Toulouse. Dans 90% des infections, le système immunitaire élimine le virus. Dans 10%, le virus persiste et peut induire des lésions précancéreuses qui pourront évoluer vers un cancer invasif. Cette évolution est lente, un cancer apparaît généralement 8 à 15 ans après l’infection. Les virus HPV dits « oncogènes » sont particulièrement les HPV 16 et 18. « Au moment de l’infection au HPV, il n’y a aucun symptôme. Autrement dit, quand on attrape un HPV, c’est strictement asymptomatique. On ne s’en rend pas compte et on ne peut pas retrouver le rapport sexuel contaminant. Quand apparaissent les symptômes, c’est que la maladie est déjà en place ou à un stade évolué« , explique le Dr Chollet. D’où l’intérêt de se dépister précocement. Quand ils sont cancéreux, les HPV peuvent causer :
→ Des cancers gynécologiques (principalement du col de l’uterus , plus rarement du vagin, de la vulve, et de la marge anale chez la femme), dont les symptômes peuvent être :
- Des saignements vaginaux après les rapports sexuels
- Des saignements vaginaux spontanés en dehors de la période des règles
- Des douleurs dans le bas-ventre ou lors des rapports sexuels
→ Des cancers ORL (amygdales ou sur la base de la langue – gorge), dont les symptômes sont peu spécifiques :
- Des douleurs persistantes au niveau de la gorge (souvent confondues avec une angine qui traîne)
- Des douleurs aux oreilles
- Une ou plusieurs grosseurs dans le cou (ganglions)
Les virus dits « à bas risque » (HPV 6 et 11 par exemple) évoluent très rarement en cancer et sont un peu plus symptomatiques : ils peuvent entraîner des condylomes, des verrues génitales internes (dans ce cas, ils ne sont pas visibles à l’œil nu) ou externes (au niveau de la vulve, du clitoris ou de l’anus…) qui dégénèrent très peu.
Les symptômes sont-ils différents chez l’homme ?
L’homme élimine plus facilement les virus HPV que la femme. Et chez l’homme, les lésions étant principalement sur le pénis ou la marge anale, les symptômes sont généralement détectés plus précocement. En revanche, chez la femme, le col de l’utérus étant au fond du vagin, les symptômes « parlent » plus tardivement, nous répond notre interlocutrice. Autrement dit, chez la femme, il y a peu de symptômes jusqu’au moment où la maladie est évoluée.
Un dépistage régulier même si on est vaccinée
Les cancers du col de l’utérus sont quasiment tous liés à un HPV, d’où l’importance de la vaccination recommandée pour toutes les jeunes filles et pour tous les jeunes garçons âgés de 11 à 14 ans révolus et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l’âge de 26 ans. Elle peut également être proposée en rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans. La vaccination ne dispense pas du dépistage dans le but de détecter les lésions précancéreuses afin d’éviter le développement d’un cancer. Ce dépistage doit être régulier et selon les recommandations en vigueur :
► Pour les femmes entre 25 et 29 ans : le test de dépistage est réalisé par examen cytologique tous les 3 ans chez le médecin (généraliste, gynécologue), un(e) sage-femme ou un laboratoire d’analyses, après deux premiers tests réalisés à 1 an d’intervalle et dont les résultats sont normaux.
► Pour les femmes de 30 ans à 65 ans : le test HPV-HR, plus efficace pour ces femmes, est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le test est négatif.